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PROTÉGER Jevi : bilan phytosanitaire 2024

Pochazia shantungensis (imago).

Après les productions horticoles en floriculture et pépinière, objets du dossier du n° 1145 de mai, voici l’inventaire des faits marquants pour les jardins, espaces végétalisés et infrastructures gérés par les professionnels.

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Les Jevi (jardins, espaces végétalisés et infrastructures) sont directement confrontés aux changements climatiques et aux bio­agresseurs émergents. En constante évolution, ces problématiques ont des répercussions majeures sur la vitalité et la santé des végétaux cultivés. Dans ce contexte, l’épidémiosurveillance et la lutte intégrée permettent de gérer au mieux les risques les plus inquiétants. Entre ravageurs en essor et maladies préoccupantes qui ont étendu leur aire de répartition, l’année 2024 est riche de faits marquants. Vigilance, donc, en particulier quant aux bioagresseurs soumis à lutte obligatoire en France, ou classés de quarantaine prioritaire dans l’Union européenne (UE), identifiés dans de nouveaux territoires.

> A lire sur le même sujet : "De nouveaux bioagresseurs à détecter et enrayer !"

Ravageurs en essor

Cochenille-tortue du pin (Toumeyella parvicornis)

Originaire de Floride, identifiée depuis 2021 en région Paca et soumise à des mesures de lutte obligatoire en France en 2022, la cochenille-tortue du pin s’est propagée dans le Var, vers Saint-Tropez et Ramatuelle. Ce ravageur attaque surtout le pin parasol et le pin maritime. Les formes mobiles, suceuses de sève, ont sécrété un abondant miellat favorable à la fumagine. Les résineux affaiblis ont ensuite été colonisés par des scolytes (surtout l’hylésine), précipitant leur dépérissement. Les pins de valeur patrimoniale, botanique ou sociale (Pinus pinea pour l’ombrage), eux, ont été suivis et protégés. La lutte intégrée associant traitements précoces à base d’huiles (orange douce, colza, paraffine) et lâchers de coccinelles prédatrices (Cryptolaemus montrouzieri, Exochomus quadripustulatus) s’est montrée la plus efficace. Aujourd’hui, tous les acteurs de terrain et experts s’accordent à dire que la protection biologique intégrée (PBI) est la seule option intéressante et durable pour réguler les populations de ce ravageur à un niveau acceptable en Jevi.

Cochenille-tortue du pin : rameau infesté, vu à Rayol-Canadel-sur-Mer (83). (© J. Jullien)

Cigale à ailes brunes ou fulgore asiatique (Pochazia shantungensis) - photo ci-dessus

Cet insecte piqueur-suceur de sève, proche des cicadelles, originaire de Chine et soumis à des mesures de lutte obligatoire au niveau national, est observé en France (Paca) dès 2018. Depuis, il a été détecté en Occitanie, puis en Corse. Des adultes ont été piégés et parfois des larves ont été observées. Cet insecte s’est montré difficile à maîtriser, tant il est polyphage (plantes cultivées, flore spontanée). En Jevi, il attaque les genres Acer, Albizia, Callicarpa, Citrus, Forsythia, Hibiscus, Ilex, Koelreuteria, Lagerstroemia, Magnolia, Morus, Olea, Prunus, Rhododendron, Rosa, Syringa ou encore Weigela.

Aleurode épineux des agrumes (Aleurocanthus spiniferus)

Cet homoptère classé de quarantaine dans l’UE, identifié depuis 2023 en Occitanie, puis en Paca et en Corse, s’est propagé, malgré les mesures de gestion mises en œuvre. Sa surveillance s’impose pour protéger les plantes sensibles.

Charançon de l’agave (Scyphophorus acupunctatus)

Charançon de l'agave (Scyphophorus acupunctatus), imago. (© J. Jullien)

Ce ravageur polyphage a poursuivi ses dégâts dans le midi de la France (Occitanie, Paca, Corse) sur les plantes de la famille des Agavacées, mais également sur les Yucca, Draecaena et Dasylirion. Les signalements ont été en hausse par rapport à 2023.

Dégâts du charançon de l'agave (Scyphophorus acupunctatus). (© J. Jullien)

Scarabée japonais (Popillia japonica)

Non détecté en France, mais en Suisse (canton de Bâle-Campagne), à 3,5 km de la frontière alsacienne, cet insecte de quarantaine prioritaire dans l’UE a fait l’objet d’une surveillance renforcée par piégeage dans la zone tampon qui s’étend vers la région Grand Est. Ce dispositif d’urgence sera maintenu en 2025. Signalons qu’en novembre 2024, une note nationale DGAL-SDSPV a été publiée sur ce ravageur.

Scarabée japonais (Popillia japonica) : population d'adultes défoliateurs, ici sur vigne. (© OEPP)

Maladies préoccupantes

Xylella fastidiosa subsp. Multiplex

Des foyers de la bactérie, organisme de quarantaine prioritaire dans l’UE, ont été identifiés dans de nouveaux territoires sur diverses espèces végétales, comme à Mirepoix (Ariège) fin février 2024. Des mesures d’assainissement ont été prises sous l’égide du service régional chargé de la protection des végétaux (Draaf-SRAL) d’Occitanie. En Italie, une autre sous-espèce (X. fastidiosa subsp. fastidiosa), responsable de la maladie de Pierce sur la vigne, a été découverte en janvier 2024 sur six amandiers (Prunus dulcis) dans les Pouilles. Puis, en mars 2024, d’autres plantes ont été reconnues infectées par cette sous-espèce : seize amandiers, un merisier (Prunus avium), deux vignes (Vitis vinifera). C’est la première fois que cette bactérie est détectée sur la vigne en Italie.

Chancre bactérien du marronnier (Pseudomonas syringae pv. aesculi)

Il a été signalé dans les Hauts-de-France et en Bretagne sur des arbres d’alignement. Cette grave maladie « opportuniste » (les sujets stressés ou affaiblis sont les plus vulnérables) peut entraîner la mort d’un marronnier en deux à trois ans. Les cas ont surtout été identifiés dans la moitié nord de la France, tant en zones urbaines que rurales, cependant supérieurs en ville. La bactérie est très agressive sur le marronnier blanc Aesculus hippocastanum (cv. ‘Baumanii’ est le plus touché) et de façon moindre sur le marronnier rouge A. x carnea. Rappelons que les premiers arbres atteints en France ont été observés à Roubaix (Nord) en 2001. Depuis, aucune méthode de lutte efficace n’a été identifiée, excepté les mesures culturales et prophylactiques permettant de prévenir et d’assainir les foyers le cas échéant.

Chancre bactérien du marronnier : suintements d'exsudat. (© Monika Heupel)

> À lire sur le même sujet : "De nouveaux bioagresseurs à détecter et enrayer !"

Remerciements à Ollivier Dours (référent technique national de l’Institut Ecoumène Golf & Environnement), à Laure Durand-Lagarrigue (personne ressource DGAL-SDSPV en Jevi), aux experts et correspondants-observateurs du département de la santé des forêts (DSF), rédacteurs (Fredon) des Bulletins de santé du végétal en Jevi, gestionnaires d’espaces verts, entrepreneurs paysagistes, inspecteurs des services chargés de la santé et de la protection des végétaux (Draaf-SRAL), Plante & Cité et laboratoires d’analyses phytosanitaires, pour leurs données.

> À lire également : "De nouveaux bioagressurs à détecter et enrayer : attention aux nouveaux nuisibles !"

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